par Marti » ven. 22 sept. 2023 17:04
J'ai choisi de vous proposer ce texte pour vous raconter une « petite » histoire qui se passe au tout début des années 1980 et précisément à partir de la rentrée scolaire de cette année là.
Des événements liés à ma vie en tant que personne en situation de handicap m'amenèrent à aller poursuivre ma scolarité à St Hilaire du Touvet, petit village situé en pleine montagne à 1300 mètres d'altitude et à 25 kilomètres de Grenoble.
L'établissement accueillait des personnes de tous âges, en situation de handicap ou de longue maladie (accidentés, handicaps de naissance, dialysés,diabétiques ), éventuellement scolarisées depuis le primaire jusque aux cycles universitaires. Il faisait partie d'un ensemble de 3 anciens « sanatoriums pour tuberculeux » bâtis à flanc de montagne .
Ce « Centre Universitaire de Cure » était « un géant » : 4 bâtiments imbriqués à flanc de montagne pour un total de 15 étages pouvant accueillir plus de 250 pensionnaires et incluant piscine, gymnase, salle de cinéma, « cafétéria » -une sorte de bar mais ne vendant pas de boissons alcoolisées- ...ainsi qu'une chapelle (ou plutôt un oratoire vu la dimension et la forme circulaire du lieu) ; Cette chapelle était précédée d'une petite salle avec un bureau et pouvait recevoir une ou plusieurs personnes pour une écoute ou des rencontres.
Qui dit « chapelle » dit communauté catholique et dit « prêtre » ..hé oui, le premier de mes deux personnage était prêtre : l'Abbé Marcel M (je tairais son nom bien trop connu dans d'autres domaines que la religion).
Il préférait d'ailleurs qu'on l'appelle « Père Marcel » et partageait sa mission pastorale avec un autre Prêtre, le Père Félix sur l'ensemble des 3 établissements mais ici je ne vous parlerais que du premier car il était plutôt au Centre Universitaire de Cure (je dirais « CUC » par suite) alors que le Père Félix assurait plutôt les autres établissements.
Il assurait la messe du dimanche matin et une présence tout au long de chaque journée en semaine (aux heures des repas et en soirée notamment)
Laissez moi maintenant vous présenter Mustapha alias « Mouss » pour tout le monde au « CUC ».
Mouss était maghrébin et il n'était pas le seul dans les 250 pensionnaires de l'établissement mais nous ne faisions pas de différences entre nous tous et Mouss aussi appelait notre aumônier « Père Marcel ».
Je ne sais plus trop bien comment les choses se sont produites mais les amis maghrébins se retrouvaient souvent autour de Mouss pour parler avec lui de question touchant à l'Islam et de notre coté nous étions aussi une petite équipe de catholiques autour de Père Marcel et c'est même là que j'ai « remis le pied à l'étrier » si on peut dire !! Nous assurions les visites aux nouveaux arrivants , des réunions de réflexion et discussions autour des lectures tirées de la bible (inspirées du Mouvement « FCMH » (qui sera plus tard FCPMH) mais où se rejoignaient personnes en situation de handicap ou maladies aussi bien que personnels soignant de l'établissement, et tous les week-end quand le temps le permettait soit le samedi ou le dimanche ou les deux jours un petit groupe partait en ballade sous la conduite du Père Marcel ,ancien Aumônier des Chasseurs Alpins, Infatigable marcheur et météorologue capable de prévoir un changement de temps avec au moins une heure d'avance (cela peut servir pour rentrer à temps!!)
Ces ballades nous conduisaient parfois assez loin notamment du coté de l'aire d'envol des delta planes (une pratique assez récente à l'époque) et j'ai même eu l'occasion grâce à Mouss et Pedro de me retrouver tout au bord de l'aire d'envol avec un à-pic d'environ 750m au dessous de mes cales-pieds...
Quand le temps ne permettait pas ces sorties nous nous retrouvions dans la salle de réunion dont j'ai parlé précédemment ou alors à la « cafeteria » et bien entendu tous les « habitués des ballades » étaient là.
Un de ces samedis ou dimanches du mois de décembre nous étions ainsi réunis, empêchés de sortir par une pluie fine, et du coté des « cathos » nous parlions de Noël qui approchait alors que les amis Maghrébins nous écoutaient ...et puis Mouss en vint à poser des questions et une sorte de « dialogue inter-religieux » s'en suivit, enrichissant des deux cotés.
Père Marcel expliqua les différences entre « Basilique » , »Cathédrale », »église » et « chapelle » et les divers éléments qui s'y retrouvaient comme l'Autel et le crucifix et à propos de ce dernier il nous précisait qu'il aimait bien celui de la chapelle de l'établissement qui était fait de deux morceaux de bois assemblés en croix mais sans « représentation du crucifié » dessus ; pour lui ce symbole était très fort car il nous ramenait à la Résurrection et non pas à la crucifixion
Mouss de son coté nous rappela que les Musulmans font référence à l'Ange Gabriel et à Abraham, nous expliqua la symbolique de la fête du Sacrifice de l'Agneau - épisode de la vie d'Abraham commune aux musulmans et chrétiens (Gen22, 1-) - et nous apprit aussi que Jésus est reconnu par eux comme « un prophète puissant dont la mère est Myriam » (synonyme de Marie ) Il nous dit que « Dieu » et « Allah » sont juste deux mots dans deux langues différentes pour parler d' Un seul et Unique Dieu et non pas deux divinités différentes.
Puis ce furent les vacances de Noël et une nouvelle année au cours de laquelle nous avons encore partagé quelques moments « inter religieux », notamment lors de la fête qui célèbre la fin du jeûne chez les Musulmans.
A noter aussi que la salle qui abritait notre chapelle a parfois servi de salle de prière aux musulmans puisque l'on pouvait en retirer la croix (faite de simples branches d'arbres liées en croix et fichées dans un bloc rocheux facilement déplaçable) et que la direction de La Mecque importante pour la prière des Musulmans se trouvait facilement en « tournant le dos » a l'autel (qui lui ne pouvait être déplacé).
Voilà comment dès le débuts des années 80 (1980) j'ai appris à connaître et à côtoyer des Musulmans sur des bases d'amitiés de respect et d'écoute réciproques.
J'ai choisi de vous proposer ce texte pour vous raconter une « petite » histoire qui se passe au tout début des années 1980 et précisément à partir de la rentrée scolaire de cette année là.
Des événements liés à ma vie en tant que personne en situation de handicap m'amenèrent à aller poursuivre ma scolarité à St Hilaire du Touvet, petit village situé en pleine montagne à 1300 mètres d'altitude et à 25 kilomètres de Grenoble.
L'établissement accueillait des personnes de tous âges, en situation de handicap ou de longue maladie (accidentés, handicaps de naissance, dialysés,diabétiques ), éventuellement scolarisées depuis le primaire jusque aux cycles universitaires. Il faisait partie d'un ensemble de 3 anciens « sanatoriums pour tuberculeux » bâtis à flanc de montagne .
Ce « Centre Universitaire de Cure » était « un géant » : 4 bâtiments imbriqués à flanc de montagne pour un total de 15 étages pouvant accueillir plus de 250 pensionnaires et incluant piscine, gymnase, salle de cinéma, « cafétéria » -une sorte de bar mais ne vendant pas de boissons alcoolisées- ...ainsi qu'une chapelle (ou plutôt un oratoire vu la dimension et la forme circulaire du lieu) ; Cette chapelle était précédée d'une petite salle avec un bureau et pouvait recevoir une ou plusieurs personnes pour une écoute ou des rencontres.
Qui dit « chapelle » dit communauté catholique et dit « prêtre » ..hé oui, le premier de mes deux personnage était prêtre : l'Abbé Marcel M (je tairais son nom bien trop connu dans d'autres domaines que la religion).
Il préférait d'ailleurs qu'on l'appelle « Père Marcel » et partageait sa mission pastorale avec un autre Prêtre, le Père Félix sur l'ensemble des 3 établissements mais ici je ne vous parlerais que du premier car il était plutôt au Centre Universitaire de Cure (je dirais « CUC » par suite) alors que le Père Félix assurait plutôt les autres établissements.
Il assurait la messe du dimanche matin et une présence tout au long de chaque journée en semaine (aux heures des repas et en soirée notamment)
Laissez moi maintenant vous présenter Mustapha alias « Mouss » pour tout le monde au « CUC ».
Mouss était maghrébin et il n'était pas le seul dans les 250 pensionnaires de l'établissement mais nous ne faisions pas de différences entre nous tous et Mouss aussi appelait notre aumônier « Père Marcel ».
Je ne sais plus trop bien comment les choses se sont produites mais les amis maghrébins se retrouvaient souvent autour de Mouss pour parler avec lui de question touchant à l'Islam et de notre coté nous étions aussi une petite équipe de catholiques autour de Père Marcel et c'est même là que j'ai « remis le pied à l'étrier » si on peut dire !! Nous assurions les visites aux nouveaux arrivants , des réunions de réflexion et discussions autour des lectures tirées de la bible (inspirées du Mouvement « FCMH » (qui sera plus tard FCPMH) mais où se rejoignaient personnes en situation de handicap ou maladies aussi bien que personnels soignant de l'établissement, et tous les week-end quand le temps le permettait soit le samedi ou le dimanche ou les deux jours un petit groupe partait en ballade sous la conduite du Père Marcel ,ancien Aumônier des Chasseurs Alpins, Infatigable marcheur et météorologue capable de prévoir un changement de temps avec au moins une heure d'avance (cela peut servir pour rentrer à temps!!)
Ces ballades nous conduisaient parfois assez loin notamment du coté de l'aire d'envol des delta planes (une pratique assez récente à l'époque) et j'ai même eu l'occasion grâce à Mouss et Pedro de me retrouver tout au bord de l'aire d'envol avec un à-pic d'environ 750m au dessous de mes cales-pieds...
Quand le temps ne permettait pas ces sorties nous nous retrouvions dans la salle de réunion dont j'ai parlé précédemment ou alors à la « cafeteria » et bien entendu tous les « habitués des ballades » étaient là.
Un de ces samedis ou dimanches du mois de décembre nous étions ainsi réunis, empêchés de sortir par une pluie fine, et du coté des « cathos » nous parlions de Noël qui approchait alors que les amis Maghrébins nous écoutaient ...et puis Mouss en vint à poser des questions et une sorte de « dialogue inter-religieux » s'en suivit, enrichissant des deux cotés.
Père Marcel expliqua les différences entre « Basilique » , »Cathédrale », »église » et « chapelle » et les divers éléments qui s'y retrouvaient comme l'Autel et le crucifix et à propos de ce dernier il nous précisait qu'il aimait bien celui de la chapelle de l'établissement qui était fait de deux morceaux de bois assemblés en croix mais sans « représentation du crucifié » dessus ; pour lui ce symbole était très fort car il nous ramenait à la Résurrection et non pas à la crucifixion
Mouss de son coté nous rappela que les Musulmans font référence à l'Ange Gabriel et à Abraham, nous expliqua la symbolique de la fête du Sacrifice de l'Agneau - épisode de la vie d'Abraham commune aux musulmans et chrétiens (Gen22, 1-) - et nous apprit aussi que Jésus est reconnu par eux comme « un prophète puissant dont la mère est Myriam » (synonyme de Marie ) Il nous dit que « Dieu » et « Allah » sont juste deux mots dans deux langues différentes pour parler d' Un seul et Unique Dieu et non pas deux divinités différentes.
Puis ce furent les vacances de Noël et une nouvelle année au cours de laquelle nous avons encore partagé quelques moments « inter religieux », notamment lors de la fête qui célèbre la fin du jeûne chez les Musulmans.
A noter aussi que la salle qui abritait notre chapelle a parfois servi de salle de prière aux musulmans puisque l'on pouvait en retirer la croix (faite de simples branches d'arbres liées en croix et fichées dans un bloc rocheux facilement déplaçable) et que la direction de La Mecque importante pour la prière des Musulmans se trouvait facilement en « tournant le dos » a l'autel (qui lui ne pouvait être déplacé).
Voilà comment dès le débuts des années 80 (1980) j'ai appris à connaître et à côtoyer des Musulmans sur des bases d'amitiés de respect et d'écoute réciproques.